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Les Souvenirs – Introduction
INTRODUCTION
Le 9 novembre 1906, Dieu appelait à l'éternelle vision de paix Sœur Elisabeth de la Trinité, religieuse
professe de notre Carmel, âgée de 26 ans. La lettre circulaire adressée, selon l'usage, à nos monastères, leur
fit justement pressentir que cette âme devait avoir une histoire révélant une fidélité peu ordinaire, et bon
nombre d'entre eux nous exprimèrent le désir de la connaître. Nous hésitâmes longtemps ; comment pénétrer
plus avant dans ce sanctuaire privilégié, en faire admirer les merveilles, alors que l'humilité et le silence les
avaient couvertes de leur voile ?
Outre que cette courte existence ne comptait guère plus de quatre années écoulées dans l'ombre du
noviciat, et huit mois passés à l'infirmerie, tout y avait paru si simple et si divin, que le détail semblait devoir
échapper à l'analyse. Pourtant l'accueil fait par nos monastères à la première révélation d'une âme dont le
sillon paraissait à tous si lumineux, leurs vives instances pour « qu'aucun rayon de cette petite étoile ne fût
laissé sous le boisseau », remplissaient nos cœurs d'une douce joie.
Une lettre résume les sentiments qui nous furent alors exprimés avec une fraternelle et toute cordiale
spontanéité ; elle fera connaître cet accueil et l'impression de grâce produite par la circulaire de Sœur
Elisabeth de la Trinité. Parce qu'elle nous vient d'un Carmel qui personnifie les grandes traditions de l'Ordre
dont il fut en France le berceau, l'appréciation suivante justifie l'estime en laquelle l'humble enfant que nous
avons la mission de dépeindre, demeure dans le souvenir de sa famille religieuse.
Merci de nous avoir si bien fait connaître cette belle âme par la circulaire que nous avons déjà lue et relue. C'est bien là la vie
d'une Carmélite entrant pleinement dans sa vocation, et allant droit à Dieu avec toute l'ardeur de l'amour. On éprouve, en la
lisant, une réelle impression de grâce ; nous en sommes édifiées, pénétrées, remuées jusqu'au fond du cœur.
Tout est bien dans cette vie. Ce que votre sainte enfant a promis de demander après sa mort, répond admirablement à
l'esprit de notre vocation ; c'est sérieux, religieux, en même temps qu'élevé. Dieu soit béni de donner ces trésors de grâce au
Carmel !
Il me semble que vous ne nous avez pas tout dit : c'était juste et nécessaire dans la circulaire, mais ne puis-je vous
demander quelques détails sur cette vie d'oraison ?...
Plus tard, revenant sur ces détails et répondant à nos hésitations devant le projet d'une publication plus
étendue, la même Mère nous écrivait : « Ne vous laissez pas arrêter par le peu de documents que pourrait
offrir cette courte vie cachée en Dieu ; c'est le fait de bien des vies qui répandent un parfum céleste, sans
présenter beaucoup de faits. La simplicité et le silence de Sœur Elisabeth de la Trinité seront de précieux
modèles pour le Carmel et pour bien des âmes. Il n'y a qu'une voix ici pour dire : il faut écrire une notice ».
De pieuses indiscrétions, providentiellement commises à l'endroit de notre lettre circulaire, portèrent
hors du cloître les échos de cette vie angélique ; de toutes parts nous vinrent alors les mêmes instances, et si
pressantes, que nous dûmes nous rendre à la voix de Dieu, et songer sérieusement à publier nos Souvenirs .
Tel est le titre que nous adoptons pour ces pages forcément incomplètes à tous égards, et dont nous
Les Souvenirs – Introduction
n'avons accepté la rédaction qu'afin d'assurer à la physionomie qu'il s'agissait de reproduire, toute la
ressemblance possible, et de garder à cette fleur du Carmel son parfum monastique.
Grâce à Dieu qui voulait sans doute le rayonnement de sa « louange de gloire », les lettres de Sœur
Elisabeth de la Trinité ont été religieusement conservées. Fidèle écho de son âme, sa correspondance n'a
besoin que d'être classée dans l'ordre des faits à reconstituer, pour lui permettre de se dépeindre le plus
souvent elle-même. Quelques souvenirs d'amis joints aux nôtres, quelques notes spirituelles dont il sera fait
mention en leur lieu, sont nos seuls documents. Nous y joignons certaines poésies de Sœur Elisabeth : elles
achèvent de la révéler.
Le recueillement peut être considéré comme la caractéristique de cette âme, du moins nous plaisons-
nous à signaler ce trait particulier de sa physionomie, car si l'oraison, l'humilité, l'amour de la souffrance et la
force dans l'épreuve font admirer en elle l'action divine, toutefois ces dons excellents ne fructifièrent en notre
petite sœur que parce qu'elle était ce « Jardin fermé » dont l'Epoux divin se réserve la culture.
« Vous ne serez héroïque , lui avait-il été dit, que le jour où vous serez tout à fait recueillie au fond de
vous-même. » Cette parole, gravée dans son cœur, accrut encore sa passion du silence et développa cet esprit
de solitude, tellement apprécié par elle comme un moyen assuré de sainteté, qu'avant de mourir elle nous a
souvent répété : « Au ciel, je le crois, ma mission sera d'attirer les âmes dans le recueillement intérieur, en
les aidant à sortir d'elles-mêmes pour adhérer à Dieu par un mouvement tout simple et tout amoureux ; de
les garder en ce grand silence du dedans qui permet à Dieu de s'imprimer en elles, de les transformer en
Lui ».
Puisse notre modeste travail lui faciliter sa mission ! Puissent les parfums de sa vie d'oraison attirer un
grand nombre d'âmes dans les voies intérieures, école de la parfaite abnégation.
De notre monastère de Saint-Joseph,
sous la protection du Cœur agonisant de Jésus et du Cœur transpercé
de Marie Immaculée, des Carmélites de Dijon,
le 11 février 1909,
en la clôture du Jubilé de Notre-Dame de Lourdes.
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