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MUSIQUES DE LA TOUNDRA ET DE LA TAIGA / MUSIC OF THE TUNDRA & TAIGA
INEDIT
Maison des Cultures du Monde
Russie - Sibérie
MUSIQUES DE LA TOUNDRA & DE LA TAÏGA
Bouriates, Yakoutes, Toungouses, Nenets, Nganasan
Russia - Siberia
MUSIC OF THE TUNDRA & THE TAIGA
Buryats, Yakuts, Tungus, Nenets, Nganasan
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Collection fondée par Françoise Gründ et dirigée par Pierre Bois
Enregistrements effectués à la Maison des Cultures du Monde en janvier 1987 et février 1990 par
Pierre Simonin . Notice, Françoise Gründ et Pierre Bois . Traduction anglaise, Josephine De Linde .
Photographies, Jean-Paul Dumontier . Illustrations, Françoise Gründ . Prémastérisation, Frédéric
Marin / Translab . Réalisation, Pierre Bois . Pressage, Disctronics .
© et P 1987-1990-2002 Maison des Cultures du Monde.
INEDIT est une marque déposée de la Maison des Cultures du Monde (direction, Chérif Khaznadar).
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Russie - Sibérie
MUSIQUES DE LA TOUNDRA ET DE LA TAÏGA
Bouriates, Yakoutes, Toungouses, Nenets et Nganasan
vrent les immenses territoires de la
Sibérie, de la Mer Blanche à la Mer du Japon
et de la Yakoutie aux confins du cercle
polaire arctique. Sur cette terre, qui peut
geler jusqu'à douze mètres de profondeur ,
vivent des hommes conscients des forces
insensées d'une nature qui peut les broyer à
chaque instant. Avec leurs chants, leurs tam-
bours et leurs instruments, ils défient le
vent, le froid et le tonnerre.
Ce disque présente les trois branches de la
famille altaïque : la branche turque, avec
son rameau le plus nordique, les Yakoutes ;
la branche mongole avec les Bouriates ; et la
branche toungouso-mandchoue avec trois
groupes de la région du fleuve Amour : les
Nanaï, les Üdegeï et les Oultch. Il présente
également deux groupes appartenant à la
famille linguistique des Samoyèdes : les
Nenets (ou Nentsi) et les Nganasan.
Les Yakoutes et les Bouriates (respective-
ment 328.000 et 353.000 au recensement de
1979) ont hérité de leurs contacts étroits et
répétés un certain nombre de points com-
muns. Originaires de l'ouest du Lac Baïkal,
les Yakoutes auraient poussé leurs immenses
troupeaux vers le nord jusqu'à l'actuelle
plaine de Yakoutie. Leurs épopées retracent
les longues randonnées le long de la Léna.
Éleveurs de gros bétail (bovins et chevaux),
anciens nomades plus ou moins sédentari-
sés, Yakoutes et Bouriates pratiquent tou-
jours la chasse avec ferveur car elle conserve
à leurs yeux ses valeurs viriles. Ils gardent
également un vif sens de l'ordre clanique qui
se manifeste par un sentiment de solidarité
et d'hospitalité (comme en témoignent par
exemple les innombrables invités aux
mariages).
Leur art épique est particulièrement déve-
loppé ; l'exécution de l'épopée, soumise à
diverses contraintes (interdite l'été et de
jour) servait autrefois des fins rituelles ; elle
était indispensable avant la chasse (la
grande majorité des épopées bouriates
raconte la quête de la fiancée considérée
comme la plus dure des chasses du héros).
Sont également communes à ces deux cul-
tures, les rondes ( ieekker en bouriate, osuo-
khaj en yakoute) où alternent d'une part un
rythme traînant et un rythme brutalement
accéléré entrecoupé de bonds, et d'autre part
des couplets improvisés en solo et des
refrains chantés en chœur. Censées imiter la
course des rennes, ces danses suivaient jadis
–3–
L a toundra (steppe) et la taïga (forêt) cou-
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les grandes fêtes printanières et estivales
(rituels d' animation du tambour chama-
nique, d'obtention du gibier, de mariage).
Les Toungouses (56.900 ha en 1979) regrou-
pent un ensemble de petites ethnies linguis-
tiquement apparentées, mais qui sont dis-
persées dans le sud-est de la Sibérie et
jusqu’en Chine. Le premier grand ensemble
est formé par les Evenk et les Even (ou
Lamoutes), tous chasseurs et éleveurs de
rennes. Le deuxième ensemble, plus ramassé
et plus homogène, est constitué par les
petits peuples de la région de l'Amour :
Nanai ou Gold (10.500), Oultch (2.600),
Üdegeï (1.600), et Negidal, Orotch et Orok,
tous chasseurs et pêcheurs vivant en petites
collectivités sédentarisées.
Les Nganasan de la péninsule du Taymir
représentent la population la plus septentrio-
nale de la Russie sibérienne. Chasseurs,
pêcheurs, éleveurs de rennes, ils vivent en
petites communautés qui ne tiennent pas
véritablement compte de la partition cla-
nique patrilinéaire. Leur religion se base sur
un ensemble de croyances animistes qui s'ap-
pliquent non seulement aux éléments natu-
rels, mais aussi aux objets issus de la main de
l'homme. Comme pour la majeure partie des
populations sibériennes, le chamanisme
occupe une place majeure dans le système
rituel des Nganasan. Homme ou femme, le
chamane est élu par les esprits. Cette élection
se traduit par un appel, une initiation donnée
par les esprits, mais qui nécessite en plus un
solide apprentissage auprès d'un profession-
nel. Une fois formé, le chamane subit une
investiture officielle dont l'élément central
est l' animation du tambour, seul instrument
de musique connu des Nganasan, et exclusi-
vement réservé à cet usage. L'activité du cha-
mane est centrée sur les âmes humaines et
animales et sur les esprits. Chargé de guider
et de conseiller les âmes, le chamane agit éga-
lement sur les forces supra-naturelles suscep-
tibles de représenter un danger pour la com-
munauté. Pour cela, il doit être capable de se
les incorporer, mais aussi d'extérioriser sa
propre âme pour la faire voyager. Contrai-
rement aux phénomènes de possession où la
passivité du possédé livré aux dieux et aux
esprits est contrôlée par un ritualiste, le cha-
manisme fait ressortir la double activité du
chamane qui tout en conservant un contrôle
total du rituel et de lui-même, parvient à
manipuler les esprits en un constant va-et-
vient adorciste et exorciste.
Les Nenets forment le groupe le plus impor-
tant de la famille linguistique des
Samoyèdes. Leur territoire, couvert par la
toundra et la taïga s'étend au nord-ouest de
la Sibérie, englobant la péninsule de Kanin et
les Côtes des mers de Barents et de Kara.
Semi-nomades, ils tirent leur subsistance de
la chasse, de la pêche et de l'élevage du renne
dont ils suivent les transhumances. Leur
organisation sociale est basée sur un système
patrilinaire et classificatoire qui commande
le regroupement par clans des individus, de
–4–
 
la propriété des terrains de chasse, de pêche
et d'élevage, ainsi que des lieux de sacrifices.
La cosmogonie nenets attribue la création du
monde et des vivants à un dieu suprême ;
elle comprend aussi un nombre important
de divinités secondaires et d'esprits qui sont
invoqués directement grâce à des sacrifices
ou par l'intermédiaire des chamanes, élus
spirituels de ces divinités.
nellement joué en solo, mais depuis
quelques temps des ensembles de khomus
voient le jour dans les villes et les villages de
la République autonome de Yakoutie.
1. Khomus
Cet enregistrement enchaîne une suite de
solos, un duo et un quintette de guimbardes.
Solos : Ivan Alexeev, Spiridon Chichigine,
Piotr Ogotoev.
Duo : Rima Gukova, Albina Ivanova.
Quintette : Ivan Alexeev, Spiridon
Chichigine, Piotr Ogotoev, Rima Gukova,
Albina Ivanova.
TAYUK ET KHOMUS DES YAKOUTES
Le style vocal le plus répandu chez les
Yakoutes, en dehors de celui des bardes olon-
khosut , est le tayuk. Il s'agit d'une semi-
improvisation mélodique et poétique chan-
tée en solo et a cappella, tantôt rythmée
tantôt non-mesurée. Tay signifie “gloire”. Le
tayuk célèbre donc la victoire ou se consacre
à la louange. Il sert de mémoire au peuple.
Deux manières de chanter le tayuk corres-
pondent, l'une au mode populaire : tayuk
degaran , l'autre au mode solennel : tayuk
djebo. Le chanteur ou la chanteuse de tayuk
entraîné depuis l'enfance par un proche
parent, apprend la délicate technique du
kolerach , passage rapide de la voix de poi-
trine à la voix de fausset, accompagné d'une
secousse glottale. Dans une certaine mesure,
la voix humaine dans le tayuk cherche à imi-
ter le son du khomus. Le khomus, guimbarde
de bois ou de métal, demeure un des instru-
ments les plus utilisés par ces anciens
nomades dont certains sont devenus aujour-
d'hui de véritables virtuoses. Il est tradition-
2. Tayuk
Je chante pour le monde,
Que les mots se forment
Sur ma bouche,
Qu'ils s'envolent au loin,
Et qu'ils se transforment
En colombes de la paix.
Chanteur : Nicolai Sofonov.
3. Tayuk
Chant de génération
Eloge du lac Yukude en Yakoutie et de la
classe d'âge de la chanteuse Marina Petrova.
4. Tayuk
Le pays natal
J'aime la beauté de ma terre
J'aime le peuple qui vit sur ma terre.
Chanteuse : Alexandra Aritinieva.
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